Dans cet article, nous nous intéresserons à un lectorat particulier, trop âgé pour les premiers romans pour enfants et encore trop jeune pour les romans Young Adult. Il s’agit des pré-adolescent·e·s et adolescent·e·s, soit des lecteur·rice·s entre 9 et 14 ans.
Un âge clé auquel ils/elles deviennent autonomes, curieux, critiques… mais aussi sensibles et profondément attaché·e·s aux histoires qu’ils lisent. Écrire un roman jeunesse pour les 9-14 ans, c’est s’adresser à un public en plein basculement, avide d’aventures, d’identification, d’émotions et de sens.
Voici 7 conseils pour écrire un roman jeunesse adapté à cette tranche d’âge et marquer durablement vos jeunes lecteur·rice·s.
1. Lisez des romans jeunesse et analysez-les
Avant de pouvoir en écrire, il est indispensable de lire des romans destinés à la tranche d’âge visée. Cela vous permettra de :
- comprendre les thèmes les plus souvent abordés ;
- observer la manière dont les histoires sont construites (structure, rythme, point de vue) ;
- identifier les différences avec les premiers romans pour enfants et la littérature Young Adult ;
- vous imprégner du « style » jeunesse et de la façon dont sont écrites ces histoires.
Lisez avec un œil d’auteur·rice : repérez ce qui fonctionne dans les intrigues, les dialogues, les personnages. Demandez-vous pourquoi ces livres plaisent tant aux pré-ados et ados.
Les romans jeunesse populaires
- Percy Jackson de Rick Riordan
- Les Enchanteresses de Sophie Gliocas
- Tobie Lolness de Timothée de Fombelle.
Les auteur·rice·s jeunesse francophones à suivre
- Jean-Claude Mourlevat
- Anne-Fleur Multon
- Annie Pietri (romans historiques)
- Anne-Laure Bondoux.
2. Trouvez un thème qui parle aux jeunes lecteurs
Les enfants de 9 à 14 ans commencent à s’interroger sur le monde, les autres et eux-mêmes. Ils aiment les histoires qui leur permettent :
- de s’évader (aventure, fantastique, mystère, humour…) ;
- de s’identifier à des personnages proches de leurs réalités (école, famille, amitiés, questionnements) ;
- de réfléchir sur des thématiques de société et/ou propres à l’adolescence.
Voici quelques thèmes particulièrement porteurs dans cette tranche d’âge :
- 9–11 ans : aventure, amitié, humour, école, peurs, animaux, mystère…
- 11–14 ans : identité, différence, premiers émois, harcèlement scolaire, injustice, confiance en soi, familles recomposées, écologie, quête de liberté…
N’hésitez pas à puiser dans vos propres souvenirs ou à observer les enfants de votre entourage pour choisir un sujet authentique, pertinent et adapté à leur niveau de maturité.
3. Écrivez à hauteur d’enfant… sans infantiliser
Ce qui distingue un bon roman jeunesse, c’est sa capacité à parler aux jeunes lecteur·rice·s en se mettant à leur niveau sans pour autant les sous-estimer. Il ne s’agit pas de « simplifier » votre récit, mais d’adopter leur point de vue, de respecter leur intelligence, leur sensibilité, leurs émotions.
Quelques conseils concrets :
- évitez les discours moralisateurs et didactiques si vous écrivez un roman engagé ;
- faites parler vos jeunes personnages entre eux, avec leurs mots, leurs silences, leurs maladresses ;
- montrez des personnages crédibles, ni trop parfaits, ni caricaturaux ;
- soyez attentif·ve à l‘humour et aux préoccupations de cette tranche d’âge.
Un enfant de 10 ans peut comprendre des choses complexes, à condition qu’elles soient exprimées dans un langage à sa portée. À l’inverse, un enfant de 13 ans peut rejeter un livre trop enfantin.
4. N’ayez pas peur des émotions et des sujets sensibles
Même avant 15 ans, les jeunes lecteur·rice·s sont capables d’aborder des thèmes puissants et parfois difficiles : solitude, deuil, injustice, exclusion, harcèlement, séparation, maladie, conflits…
Ce qui compte, c’est de les aborder avec :
- tact : évitez les scènes trop dures ou traumatisantes ;
- sincérité : ne minimisez pas ce que ressentent vos personnages ;
- espoir : laissez toujours une porte ouverte, un message de résilience.
Les enfants ne cherchent pas forcément des histoires « gentilles », mais des histoires qui font du bien parce qu’elles les font grandir.
5. Adoptez un style clair, rythmé et vivant
Le style jeunesse n’est pas un style pauvre ou simpliste. Il s’agit surtout de rendre la lecture fluide et de capter l’attention dès les premières lignes. Voici quelques clés pour y parvenir :
- phrases plutôt courtes, à la voie active ;
- registre de langue courant (et non soutenu) : privilégiez la simplicité, mais n’hésitez pas à utiliser un mot moins connu si c’est le plus juste (c’est aussi pour les jeunes lecteur·rice·s une occasion d’enrichir leur vocabulaire) ;
- narrateur·rice interne de préférence : employez la 1re ou 3e personne mais donnez accès aux pensées du personnage pour que les lecteur·rice·s s’y identifient ;
- dialogues naturels, vivants, crédibles ;
- chapitre courts, bien rythmés ;
- descriptions brèves mais évocatrices ;
- une intrigue qui démarre rapidement et garde les lecteur·rice·s en haleine avec du suspense.
6. Construisez une intrigue forte et accessible
À cet âge, les jeunes lecteur·rice·s ont besoin :
- d’un personnage principal fort, auquel ils peuvent s’identifier ou s’attacher ;
- d’un objectif clair (résoudre un mystère, gagner une compétition, sauver un secret, trouver sa place…) ;
- de rebondissements réguliers : suspense, surprises, révélations ;
- d’une structure facile à suivre, avec une chronologie simple.
Pour cela, vous pouvez vous inspirer du schéma narratif classique, ou bien d’une autre structure narrative. Les histoires d’aventures et de quêtes suivent bien souvent la structure du Voyage du héros. L’essentiel est de maintenir leur attention du début à la fin.
7. Testez votre manuscrit auprès de jeunes lecteurs
Avant de soumettre votre roman à un éditeur, faites-le lire à des enfants de l’âge ciblé. Leurs retours sont souvent très révélateurs :
- Comprennent-ils l’histoire ?
- S’ennuient-ils à un moment précis ?
- Apprécient-ils le personnage principal ?
- Quels passages les ont marqués ?
- Ont-ils envie de lire la suite ?
Le regard de votre lectorat-cible est plus précieux que celui de n’importe quel adulte : c’est lui qui vous dira, sans détour, si votre livre fonctionne.
Quelques conseils pour préparer la publication
Une fois votre roman jeunesse achevé, veillez à retravailler votre texte au mieux, avec l’aide de bêta-lecteur·rice·s, pour révéler tout son potentiel. Traquez les fautes d’orthographe et choisissez un titre original et respectant les codes actuels.
Faites votre choix entre édition traditionnelle et auto-édition. Chacune de ses deux méthodes de publication a ses avantages et ses inconvénients : à vous de déterminer ce qui vous convient le mieux.
Si vous faites le choix de l’édition traditionnelle, identifiez les maisons d’édition spécialisées en littérature jeunesse et vérifiez que votre manuscrit correspond à leur ligne éditoriale. Soignez votre dossier de soumission (lettre d’intention, synopsis…) et renseignez-vous sur les consignes de chaque maison d’édition concernant l’envoi de manuscrit.
Si vous faites le choix de l’auto-édition, entourez-vous de professionnels pour rendre votre livre le plus professionnel possible : éditeur·rice freelance, correcteur·rice, maquettiste, graphiste. Ou, si vous avez un budget très restreint, renseignez-vous sur la façon de corriger votre manuscrit, réaliser la mise en page et la couverture par vous-même mais selon les règles de l’art. BoD vous propose de vous accompagner grâce à ses services éditoriaux.
Le défi le plus important sera de réaliser la promotion de votre roman jeunesse. Pour cela, misez sur une présence régulière sur les réseaux sociaux, les relations presse et collaborations avec influenceurs littéraires, la participation à des salons du livre ou encore l’intervention dans des écoles pour parler de votre activité d’auteur·rice jeunesse.
Les maisons d’édition qui publient des romans pour ados
Les plus connues :
- Hachette Jeunesse ;
- PKJ (Pocket Jeunesse) ;
- Gallimard Jeunesse ;
- Rageot éditeur ;
- Éditions de la Martinière ;
- Casterman Jeunesse ;
- Albin Michel Jeunesse ;
- Didier Jeunesse.
Autres maisons d’édition jeunesse :
- Slalom ;
- Gulf Stream ;
- Scrinéo ;
- Sarbacane ;
- Poulpe fictions ;
- Talents hauts.
Romans pour ados publiés en auto-édition
Voici quelques-uns des best-sellers pour ados et pré-ados, publiés en auto-édition via BoD.



Sautez le pas à votre tour en suivant les 10 étapes pour vous auto-éditer.
Conclusion
En résumé, un bon roman jeunesse pour pré-ados et ados, c’est une histoire qui fait vibrer, rêver, réfléchir, portée par des personnages authentiques et une intrigue claire et rythmée. Le style doit rester fluide et accessible sans être simpliste. Ce qui compte avant tout, c’est la sincérité, l’émotion et le respect des jeunes lecteur·rice·s pour les emmener plus loin, sans jamais les infantiliser.
Pour aller plus loin, nous vous conseillons la lecture de l’ouvrage Écrire pour la jeunesse de Faly Stachak.
Et vous, quel genre de roman auriez-vous rêvé de lire à cet âge ?