Et si vous écriviez une pièce de théâtre plutôt qu’un roman ? Dans cet article, nous allons voir ensemble comment écrire une pièce de théâtre et l’adapter sur scène.
Et sur cette seconde partie, c’est notre autrice Salomé Frisch qui répondra à la question avec l’adaptation de sa pièce Que brûlent les roses sur la scène de l’Espace Beaujon à Paris.
Voyons dans un premier temps les étapes essentielles de l’écriture d’une pièce de théâtre.
Écrire une pièce de théâtre
Si vous ne savez plus par quoi commencer pour écrire une pièce de théâtre, laissez-nous vous rafraîchir la mémoire de vos cours de français et de littérature.
Première règle dont nous allons vous parler : la règle des trois unités. Car, il vaut mieux la connaître dès le moment où nous avons une idée de l’histoire. Cette règle a pour objectif de rendre la pièce de théâtre plus compréhensible pour vos lecteur·rice·s.
Contrairement à un roman, la pièce de théâtre se distingue par ses unités d’action, de temps et de lieu. En d’autres termes, votre intrigue doit se limiter à une seule action, sur 24 heures et dans un seul lieu.
Ensuite, la pièce de théâtre suit une chronologie bien particulière, qu’il est préférable de connaître avant de se lancer dans l’écriture. Même s’il est toujours possible de jouer avec les codes. La pièce de théâtre se déroule en quatre temps :
- l’exposition : poser le contexte ;
- le nœud dramatique : créer un conflit ou une intrigue ;
- les péripéties : placer des événements (« coups de théâtre ») ;
- le dénouement : terminer l’histoire.
Voici d’autres conseils à garder en tête pour écrire une pièce de théâtre :
- choisir le genre de sa pièce de théâtre (la comédie, la tragédie, le drame, la farce, le théâtre de boulevard, etc.) ;
- soigner la structure de ses péripéties avec plusieurs actes composés de différentes scènes ;
- utiliser des didascalies avec parcimonie pour décrire ce qui n’est pas énoncé par le dialogue (par exemple, le déplacement d’un des personnages) ;
- recourir aux formes de réplique adéquates : la tirade, la stichomythie, le récit.
Adapter sa pièce sur scène : une interview avec Salomé Frisch
Salomé Frisch est une (très) jeune autrice qui nous a enchantés par sa détermination et son talent pour l’écriture. À tout juste 17 ans, elle a réussi l’exploit d’adapter sa pièce de théâtre Que brûlent les roses sur la scène de l’Espace Beaujon à Paris.
Nous avons tout de suite pensé à elle pour nous parler de son expérience. Et pour répondre la question qui nous intéresse dans cet article : comment adapter sa pièce de théâtre sur scène ?
Vous pouvez retrouver son œuvre sur la librairie BoD et la découvrir sur son compte Instagram @wpshad_eau ! Un grand merci à Salomé d’avoir accepté de participer à cette interview. Et maintenant, place aux questions !
Comment as-tu eu l’idée d’écrire une pièce de théâtre s’inspirant de la Belle et la Bête ?
En 2020, je participais aux défis d’écriture qu’une amie organisait sur Wattpad. L’un des défis était le suivant : réécrire la Belle et la Bête du point de vue des méchantes sœurs. Étant fascinée par les antagonistes, ce thème m’a tout de suite interrogée et j’ai été surprise par la dimension tragique dans l’histoire des sœurs, à laquelle les lecteur·rice·s ne prêtent pas attention.
Les sœurs de Belle sont le parfait archétype des méchantes dans les contes : des personnages ayant tous les défauts du monde (méchantes, prétentieuses, égoïstes, égocentriques, jalouses) et ayant pour seul objectif de mettre en valeur la perfection de l’héroïne, Belle.
Immédiatement, le format du théâtre m’est venu à l’esprit. Je voulais un format qui laisse exister les personnages pleinement. Parce que le tragique dans l’existence des méchantes sœurs vient de là. Personne ne les regarde, tout le monde ne se préoccupe que de Belle.
En les laissant s’exprimer enfin, en mettant leurs dialogues au centre du texte, je voulais que les lecteur·rice·s perçoivent leur sentiment de révolte et d’insatisfaction. Je ne voulais ni les excuser, ni les accuser pour leurs nombreux défauts. Selon moi, le format du théâtre était le plus pertinent dans ce cas-là.
Comment ta pièce de théâtre a-t-elle eu la chance d’être adaptée sur scène ?
Je suis une grande lectrice de textes de théâtre et je suis convaincue qu’ils s’adaptent aussi bien sur le papier que sur scène. Et ces deux expériences se valent !
En novembre 2021, j’entends parler du Coup d’pouce culture d’ICART qui soutient financièrement les projets culturels de lycéens et étant toujours au lycée, j’étais éligible. Ce concours permet de subventionner les projets lauréats culturels, et notamment des spectacles. J’ai pensé à ma pièce.
J’en ai parlé à une amie, Juliette Waxweiler, qui était en 2e année au cours Florent, qui veut devenir actrice/comédienne et qui a déjà tourné dans de nombreux courts métrages ainsi que dans une série.
J’avais déjà vu plusieurs de ses courts métrages et j’avais vraiment accroché à son jeu ! Elle a lu le texte et a tout de suite accepté de m’aider dans ce projet. Ainsi, elle m’a présentée à plusieurs comédien·ne·s et à un metteur en scène.
Je collabore donc avec : Anthony Destri, Juliette Waxweiler, Thaïs Laurent, Océane Croce, Léon Abravanel et deux pianistes ! Nous avons remporté le soutien du Coup d’pouce Culture d’ICART qui nous a permis de financer notre spectacle.
Une première version de ma pièce avait été publiée en tirage limité dans une maison associative. L’éditeur m’a mise en contact avec le directeur de programmation de l’Espace Beaujon, avec qui il avait déjà travaillé.
J’ai eu la chance de rencontrer les bonnes personnes au bon moment. Cependant, je sais que des sites existent (par exemple Le Proscenium) et permettent de mettre en relation auteur·rice·s et troupes de théâtre amatrices ou professionnelles.
Comment as-tu préparé la représentation de celle-ci ?
J’assiste aux répétitions et je donne mon avis lorsque j’ai des remarques ! De plus, je me tiens toujours à la disposition des comédien·ne·s et du metteur en scène pour répondre à leurs interrogations.
Je les laisse prendre des libertés sur le texte, certains passages étant très difficiles à mettre en scène. Des roses et des yeux, entre autres, s’expriment dans la pièce. J’étais donc là pour les supprimer au besoin ou les ajuster à la mise en scène.
Au cours des répétitions, j’ai aussi réalisé à quel point le travail des comédien·ne·s consistait toujours à dévoiler leur vision subjective du texte, c’est tout à fait fascinant. Cela est d’ailleurs arrivé que les comédien·ne·s révèlent à travers leur jeu un aspect de la pièce auquel je n’avais pas pensé en écrivant !
Cependant, j’étais aussi présente pour donner mon avis lorsque je pensais qu’un choix de mise en scène ou que le jeu des comédien·ne·s révélaient une vision qui me semblait trop éloignée de mes objectifs d’autrice.
Puis, je les ai aussi aidé·e·s sur un plan plus technique. Notamment en assurant les échanges avec le directeur de programmation du théâtre où nous jouons ou en contribuant à notre communication.
Nous avons joué deux dates en décembre, et nous rejouerons une date en février. Pour les quatre nouvelles dates programmées en mars (les 16, 17, 23 et 24 mars), nous souhaitons rajouter des scènes et modifier plusieurs éléments de mise en scène. Un spectacle est une œuvre en évolution perpétuelle.
Photos de Céliane Guibaud pour la représentation de la pièce Que Brûlent les Roses écrite par Salomé Frisch.
Quel sentiment ça fait de voir sa pièce de théâtre jouée sur scène ?
Le jour des représentations, j’étais tellement terrifiée par la réaction de mon entourage que je n’ai pas pu profiter pleinement du moment ! J’étais concentrée sur la réaction du public. C’était intéressant d’entendre leur niveau d’attention.
Les publics des deux soirs n’ont pas du tout réagi de la même manière et au même moment. Je sais que les comédien·ne·s sont particulièrement sensibles aux réactions du public, à la « symbiose avec le public » et c’est la première fois que je l’ai perçu aussi clairement !
À la fin des représentations, j’étais donc très soulagée. Mais aussi vraiment heureuse de voir à quel point les comédien·ne·s étaient parvenu·e·s à devenir leur rôle, à quel point iels étaient parvenu·e·s à faire vivre leurs personnages. C’est une impression étrange et grisante de voir ses personnages nous échapper et se nourrir d’un corps de comédien·ne.
C’était aussi la première fois que je voyais entièrement le travail fait par le créateur lumière, qui a permis au spectacle de gagner considérablement en esthétisme !
As-tu des conseils à donner aux auteur·rice·s de BoD qui souhaiteraient se lancer dans l’aventure ?
Le théâtre est une aventure formidable, avant tout humaine ! N’hésitez pas à explorer ce genre littéraire, même s’il ne vous est pas familier. Il s’agit d’un format où l’on peut tout faire (eh oui, les pièces de théâtre de science-fiction existent et sont même assez répandues !).
L’auto-publication est d’ailleurs une formidable opportunité pour un·e dramaturge en herbe. Et votre pièce de théâtre peut avoir la chance d’évoluer, si elle est adaptée sur scène.
Car le travail avec des comédien·ne·s permet d’explorer plusieurs angles du texte… Et si vous êtes auto-édité·e, vous aurez la possibilité de faire facilement des rééditions. Que vous choisissiez de faire vivre un texte (publication) ou un spectacle (création), ce sont deux projets incroyablement stimulants.
Nous avons remarqué que tu avais une très belle couverture. Tu t’es aidée de l’intelligence artificielle pour la créer, comment as-tu procédé ?
Merci, heureuse que la couverture vous plaise ! Depuis quelque temps, je suis fascinée par l’intelligence artificielle qui révolutionne complètement le monde de l’art. C’est un sujet qui m’angoisse aussi.
Je me pose beaucoup de questions, je me demande comment on peut préserver la place de l’artiste face à cette concurrence plus efficace et moins chère. Je n’ai pas de réponse. La seule qui me vienne à l’esprit, c’est de tenter de s’approprier cet outil et de continuer à y réfléchir.
Les images générées par l’intelligence artificielle peuvent être un champ d’inspiration très vaste pour les écrivain·es. J’ai donc utilisé Midjourney pour générer des images autour de ma pièce, afin de visualiser sous un autre angle l’ambiance de la pièce !
Je n’ai pas entré de demandes précises, n’ayant pas une idée claire dans la tête, mais seulement « two sisters in front of a fire, silhouette ultra detailed » (deux sœurs positionnées devant un feu, silhouettes très détaillées). Et j’ai réitéré de nombreuses fois la demande, jusqu’à avoir un large panel de choix.
L’image choisie en couverture est celle qui correspondait le mieux à l’ambiance de ma pièce, j’ai immédiatement eu un coup de cœur pour les couleurs et l’aspect à la fois sombre, violent et mélancolique qui s’en dégage !
Cependant, j’ai redessiné plusieurs éléments par-dessus, puisque l’intelligence artificielle laissait apparaître certains défauts de création.
Une petite anecdote : quand j’ai parlé à quelqu’un, après le spectacle, de la manière dont j’avais créé l’affiche et la couverture de la pièce de théâtre, cette personne était très étonnée. Elle m’a dit qu’elle avait pourtant reconnu dessus les silhouettes des deux comédiennes principales !
Un grand merci pour votre lecture, et surtout un grand merci à Salomé pour son interview. N’hésitez pas à partager l’article autour de vous, pour ceux et celles qui en auraient besoin ! Et si vous souhaitez assister aux prochaines représentations de Que brûlent les roses, vous pouvez réserver vos billets ici !
très intéressant car j’ai voudrais me lancer dans le théâtre
bonjour je vous écris depuis le congo brazzaville situé en afrique central je m’appel Salomon king et je suis un grand passionner du theatre . je voudrais comprendre et connaître sauf sous votre respect , savoir comprendre comment bâtire une piece de theatre du debut à la fin et j’adorrerais être membre d’une quelconque scene .
Merci beaucoup