Écrire un page turner : maîtriser l’art du suspense

Vous souhaitez écrire un roman addictif, aussi appelé page turner ? Voici quelques conseils et techniques pour créer du suspense dans votre roman.

20.08.2024 · Caroline Duchesnes Écrire

Les romans page turner, ce sont simplement ces fictions si captivantes qu’on ne peut reposer le livre avant de l’avoir terminé, tant l’on est pressé·e de connaître la suite et la fin.

Nous nous intéresserons d’abord aux polars et thrillers, dont le suspense est la marque de fabrique. Puis nous vous prodiguerons quelques conseils qui s’appliquent à tout genre de roman, afin de rendre vos lecteurs et lectrices complètement accros !

Le roman page turner par excellence : le polar ou le thriller

Événements troublants, crimes inexpliqués, danger imminent… Autant d’ingrédients susceptibles de provoquer des frissons et de susciter beaucoup de questions.

Les polars et thrillers jouent avec les nerfs de leurs lecteur·rice·s en leur promettant de l’action, des rebondissements, des fausses pistes ou encore un ou plusieurs plot twists. La lecture se fait ludique, car on se prend au jeu de l’enquête à résoudre.

Un page turner peut-il appartenir à un autre genre ?

Bien sûr ! Dès lors que l’intrigue induit du suspense, un roman pousse ses lecteur·rice·s à lire à toute vitesse pour connaître la suite.

Parmi les romans les plus addictifs, on retrouve les romans de secrets de famille, les romances à multiples rebondissements, ou toute autre fiction qui parvient à maintenir les lecteur·rice·s en haleine.

10 conseils pour écrire un page turner

Appliquez ces conseils et techniques pour vous assurer d’écrire un roman palpitant et réussi !

1. Rendez le début accrocheur

Les premières phrases d’un roman sont cruciales : elles donnent le ton de l’histoire et un aperçu de votre style. Elles doivent immédiatement donner envie de poursuivre la lecture.

Bien souvent, le début d’un livre est accessible sur les librairies en ligne, grâce à l’option « feuilleter ». Cela permet justement à de potentiel·le·s lecteur·rice·s de se faire un avis avant d’acheter le livre.

Assurez-vous donc de travailler l’incipit de votre histoire encore plus que le reste du roman. Il existe plusieurs types d’incipits accrocheurs, notamment le début in medias res (au beau milieu de l’action), le début intriguant, ou encore le début qui séduit par le style de son auteur·rice.

2. Inspirez-vous du feuilleton : chapitres courts et cliffhangers

Autrefois, les romans-feuilletons étaient très populaires. La fiction paraissait un chapitre à la fois, dans un journal. Pour pousser les lecteur·rice·s à rester fidèles et attendre la suite, la fin introduisait généralement un suspense haletant.

Aujourd’hui, le principe est repris dans les séries télé. Vous êtes d’ailleurs peut-être vous aussi atteint·e de « binge watching » : ce phénomène qui vous pousse à engloutir toute une saison en une ou deux soirées, tellement le suspense est insoutenable.

Désormais, les auteur·rice·s sont tenté·e·s d’utiliser les mêmes techniques narratives que les scénaristes pour rendre accros leurs lecteur·rice·s. Il existe même maintenant des séries littéraires, notamment chez Vivlio Stories et les éditions Trilogie.

La lecture s’effectue aussi de plus en plus sur de courtes périodes et sur mobile, car notre vie quotidienne est interrompue par de multiples sollicitations. Optez donc de préférence pour des chapitres plutôt courts (jusqu’à 1 500-2 000 mots) pour ne pas risquer un abandon en cours de chapitre.

À la fin de chaque chapitre (ou presque), envisagez de laisser planer un mystère ou un sous-entendu donnant furieusement envie de connaître la suite. Mieux encore : arrêtez le chapitre au moment crucial de l’action ! On appelle cela un « cliffhanger » : littéralement « personne suspendue au bord de la falaise ».

3. Racontez à plusieurs points de vue

Un roman choral, aussi appelé roman polyphonique, est une fiction racontée par le point de vue de plusieurs protagonistes, généralement les deux personnages principaux, voire plus. Le plus souvent, le changement de point de vue a lieu en même temps que le changement de chapitre.

Ce procédé permet aux lecteur·rice·s d’accéder non seulement aux ressentis et pensées de plusieurs personnages, mais aussi à des informations et secrets que possèdent certains protagonistes.

L’alternance des points de vue a aussi pour avantages de rythmer la narration et de créer une certaine attente. Pour connaître le ressenti d’un protagoniste sur un événement de l’histoire, il faudra en effet attendre le chapitre raconté par son point de vue.

4. Utilisez des techniques telles que le flashback, le flashforward ou l’ironie dramatique

Il s’agit de trois procédés narratifs populaires dans les romans à suspense, mais aussi dans l’audiovisuel (films, séries…). Le flashback est une scène se déroulant dans le passé par rapport au temps du récit. À l’inverse, le flashforward est une scène se déroulant dans le futur. Tous deux peuvent se matérialiser par l’emploi de l’italique ou par une indication temporelle.

En effet, la narration d’une fiction ne respecte pas toujours la chronologie de l’histoire. Il est possible d’opter pour ces ruptures temporelles pour introduire du suspense.

Ces « flashs » sont comme des pièces de puzzle dévoilées au fur et à mesure, que les lecteur·rice·s emboîtent en fur et à mesure de leur lecture. Ils suscitent des questions auxquelles seule la suite de l’histoire pourra répondre, ce qui crée du suspense et une envie pressante de connaître le fin mot de l’histoire.

L’ironie dramatique, quant à elle, est un procédé qui consiste à donner un indice ou une information aux lecteur·rice·s, que les personnages ignorent ou interprètent mal. Bien exploitée, elle constitue un puissant outil utilisé en dramaturgie pour maintenir l’intérêt du public, puisqu’elle pose la question ironique : « Le personnage finira-t-il par découvrir ce qu’il ignore, et si oui comment ? ». 

5. Créez des enjeux forts pour les personnages

Une intrigue efficace repose sur les désirs et objectifs du personnage principal. Pour que les lecteur·rice·s aient envie de connaître cette histoire, il faut que l’enjeu (c’est-à-dire les conséquences en cas d’échec du protagoniste à atteindre son objectif) soit suffisamment important.

Par exemple, si l’on reprend un exemple de fiction connue de tous et toutes : dans Jumanji, les personnages doivent réussir la partie de Jumanji pour pouvoir retourner dans le monde qu’ils connaissent. En cas d’échec, ils restent coincés dans le jeu.

En effet, s’il n’y a pas de conséquence en cas d’échec, alors l’histoire n’éveille pas assez d’intérêt chez les lecteur·rice·s pour les inciter à poursuivre la lecture.

6. Construisez des personnages attachants

Dans la même optique, afin que vos lecteur·rice·s s’inquiètent du sort de votre personnage principal et aient envie de savoir comment il va surmonter les obstacles rencontrés, il faut qu’ils/elles s’attachent à lui.

Pour cela, il est indispensable de construire des personnages réussis, cohérents, complexes et réalistes. La réalisation de fiches personnages est utile pour y parvenir.

7. Misez sur les rebondissements pour faire de votre livre un page turner

Si des personnages réussis sont indispensables pour faire un bon roman, des péripéties palpitantes sont l’une des caractéristiques d’un roman page turner.

Pour créer des péripéties, inspirez-vous des peurs et faiblesses de votre personnage principal, ainsi que de son objectif. Confrontez-le aux pires épreuves et mettez-lui des bâtons dans les roues pour ajouter du sel à votre histoire ! Plus la situation paraîtra désespérée et l’échec du personnage évident, plus les lecteur·rice·s souhaiteront savoir comment cela va se terminer pour lui.

Pour encore plus de piment, misez sur un antagoniste redoutable, ou encore des intrigues secondaires qui viendront ajouter de l’eau au moulin de votre intrigue principale.

Enfin, pour imaginer vos péripéties, vous pouvez vous inspirer des 36 situations dramatiques, qui selon Georges Polti, existent dans tout type de scénario et entraînent des péripéties.

8. Écrivez des dialogues efficaces qui n’ennuient pas

On dit qu’un roman réussi comporte un bon équilibre entre narration, description et dialogue. Les dialogues dynamisent le récit, permettent de le rendre vivant. Ils servent également à mieux se représenter les personnages par leur façon de parler, mais aussi à communiquer des informations utiles pour l’intrigue.

Malheureusement, de mauvais dialogues, trop longs, inutiles ou théâtraux peuvent ennuyer les lecteur·rice·s et leur faire abandonner la lecture. Veillez donc à suivre nos conseils pour écrire de bons dialogues !

9. Créez une atmosphère immersive

Grâce à des descriptions immersives des lieux et un univers bien construit (notamment dans un roman Fantasy), un livre peut faire voyager et devenir un véritable refuge pour des lecteur·rice·s.

Rendez-les fans de l’ambiance de votre histoire : ainsi, ils ou elles ne voudront plus la quitter ! Mais attention : n’oubliez pas que créer l’univers n’est pas la seule chose qui compte pour produire une bonne histoire. Les décors passent toujours après l’intrigue et les personnages.

On ne compte plus les auteur·rice·s en herbe qui ont imaginé un univers fantastique et merveilleux, et se perdent en descriptions de son fonctionnement sur des centaines de pages, sans réelle intrigue. Il doit se produire quelque chose digne d’être raconté dans ce monde !

Pour éviter « l’info dumping » (autrement dit, le fait d’assommer vos lecteur·rice·s d’informations dès le début du roman), veillez à semer les informations nécessaires au fil de l’histoire, par des moyens subtils. Mieux vaut montrer que raconter : c’est la règle du « show, don’t tell« .

10. Travaillez l’effet de surprise de votre fin

Vos lecteur·rice·s vous attendent au tournant : la fin d’un roman page turner doit être à la hauteur de leurs attentes. Dans l’idéal, la tension est croissante tout au long du livre, jusqu’à atteindre son apothéose vers la fin du livre. C’est ce que l’on appelle le climax.

Beaucoup de page turners ont recours au plot twist, autrement dit : le retournement de situation final. C’est un bon moyen de surprendre votre lectorat, en proposant une résolution de l’intrigue qu’il n’avait pas vue venir. Bluffé·e·s, vos lecteur·rice·s garderont un souvenir incroyable de votre livre et le recommanderont à leur entourage.

Voici tous nos conseils pour écrire un page turner. Nous espérons que vous aurez appris quelque chose et que vous pourrez appliquer quelques-uns de ces procédés dans votre roman !

Autrice

Caroline Duchesnes

Ancienne correctrice pour des maisons d’édition et elle-même autrice, Caroline est adepte des ateliers d’écriture et lit tout un tas d’ouvrages sur l’art d’écrire. Elle aime partager ses connaissances en rédigeant des articles de conseils d’écriture sur le blog de BoD.

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