Vous êtes passionné·e par les mythes et les légendes ? Vous aimeriez raconter une histoire en vous inspirant de ceux-ci, mais vous ne savez pas par où commencer ? Dans cet article, nous allons vous aider à réécrire des contes et légendes pour le plus grand plaisir de vos lecteur·rice·s.
Pour ce faire, nous allons voir ensemble quelques vrai-faux sur la réécriture de ces histoires qui bercent le folklore depuis la nuit des temps. Et en bonus, nous sommes heureux·se·s de vous présenter notre autrice Marine Kelada et ses best-sellers qui s’inspirent des mythes grecs et légendes celtiques.
Les vrai-faux sur réécrire des contes et légendes
Pour découvrir tous les rouages et vous aider à réécrire des contes et légendes, nous avons sélectionné cinq vrai-faux. Nous avons souhaité les aborder pour deux raisons.
D’abord, parce qu’il y a de fortes chances que vous vous posiez la question. Et ensuite pour balayer de façon didactique les a priori que nous pouvons tou·te·s avoir sur la réécriture d’histoires existantes.
Vrai ou faux ? Je n’ai pas le droit d’utiliser une histoire qui existe déjà.
C’est à la fois vrai et faux. Vrai, car copier, dupliquer à l’identique, ce n’est pas honnête. Nous ne pouvons pas nous attribuer le travail d’autrui. Et c’est également faux pour une autre raison.
En droit français, il existe une règle : c’est celle des droits d’auteur. Lorsque vous créez une œuvre originale, celle-ci est automatiquement protégée par une forme de propriété : le droit d’auteur. Chaque auteur·rice de ces droits durant toute sa vie sur son œuvre, puis ses héritier·ères 70 ans après sa mort.
Alors à qui appartient Dracula ? Qui possède les droits sur le mythe des sirènes ? Est-ce qu’Homère a encore des descendant·e·s aujourd’hui pour vous poursuivre en justice ?
Vous l’aurez compris : toute la mythologie grecque n’est plus protégée par les droits d’auteur. Car une fois passé ce délai de 70 ans, les œuvres tombent dans ce que nous appelons le domaine public.
Vous pouvez alors tout à fait vous inspirer de ces œuvres pour les intégrer à l’histoire de votre roman. Prenons tout de même un exemple, pour ce qui nous intéresse. Puis-je m’inspirer de la Princesse Raiponce de © Disney ?
Nous parlons bien de s’inspirer, et non de copier l’histoire, l’intrigue et les personnages. Le dessin animé étant sorti en 2010 et son auteur vivant, il n’est pas possible de s’inspirer de cette histoire pour raconter votre nouveau conte.
En revanche, ce film jeunesse s’inspire lui-même d’un conte qui à l’origine n’est pas destiné à ce public. Il s’agit de l’histoire de Rapunzel, écrite par les frères Grimm en 1812. Ainsi, vous pourriez très bien reprendre l’histoire en lui ajoutant votre propre touche d’originalité et la publier sans risquer aucune poursuite judiciaire.
Nous pouvons réutiliser des personnages, des univers et autres créatures pour notre roman dès lors que les droits d’auteur ne protègent plus l’œuvre d’origine. Il est toutefois dans votre intérêt de ne pas copier-coller un texte, mais bien de le réécrire à votre sauce !
Vrai ou faux ? Une réécriture de contes, légendes ou mythes est une fanfiction.
C’est faux. Une fanfiction est, comme son nom l’indique, une fiction rédigée par un·e fan. Cette œuvre réemploie les personnages, l’univers ou l’histoire inventé·s par un autre auteur·rice, qui bien souvent, est encore vivant·e.
Lorsque vous écrivez une fanfiction, celle-ci ne peut pas être commercialisée. En d’autres termes, vous ne pouvez pas tirer un avantage pécuniaire de votre production.
Bien sûr, si l’auteur·rice est décédé·e et les 70 ans écoulés, vous pouvez commercialiser l’œuvre. Toutefois, les fanfictions sont généralement écrites peu de temps après la publication de l’œuvre. Qu’elles soient issues d’un livre, d’un film, d’illustrations ou tout autre support.
Pour bien comprendre, prenons un nouvel exemple. Lorsque les romans de J.K. Rowling sur la saga d’Harry Potter sont sortis au grand jour, de nombreuses fanfictions ont vu le jour.
Tou·te·s ses fans ont usé de leur imagination pour poursuivre et réinventer les aventures des apprentis sorcier·ère·s. Ces histoires ne pouvaient malheureusement pas être publiées et faire l’objet d’un livre à part entière.
Pour mieux comprendre les droits d’auteur : voici notre article sur le sujet.
Vrai ou faux ? C’est impossible de créer une histoire originale en réécrivant une légende.
C’est bien évidemment faux. Votre histoire ne sera pas en effet tout à fait originale au sens juridique du terme, car elle reprend l’histoire de Merlin l’Enchanteur, par exemple. En revanche, elle le sera tant que vous y apportez des éléments nouveaux et que vous utilisez vos propres mots.
La réécriture est un processus à part entière et vous y ajouterez de l’originalité quoi que vous fassiez. Si vous ne nous croyez pas, faites le test vous-même. Lisez le mythe de Prométhée. Ensuite, prenez votre clavier et racontez ce que vous avez retenu. Alors, certes ce sera plus un texte descriptif qu’un récit mythique. Mais soyez sûr·e que vous aurez raconté l’histoire différemment : l’écriture est unique et propre à chaque auteur·rice.
Maintenant, si vous souhaitez réécrire des contes, utilisez cette même méthode pour un premier jet. Puis affiner, cherchez ce que vous pourriez lui ajouter. Comment vous, vous l’auriez raconté ? Peut-être vous lui auriez ajouté d’autres personnages ou un environnement plus moderne.
Vrai ou faux ? Réécrire des contes consiste simplement à en reprendre les personnages.
C’est faux. La réécriture, c’est bien plus large que cela. Lorsque vous souhaitez écrire un roman qui s’inspire de légendes urbaines comme les vampires, vous n’avez pas besoin de nommer votre personnage principal Dracula.
C’est tout à fait possible, mais ce n’est pas obligatoire. Une réécriture, cela peut être aussi reprendre :
- l’intrigue au sens large du terme ;
- les représentations, les symboles, les mythes ou la morale de l’histoire ;
- l’univers, la construction sociale et tous les aspects qui concerne l’environnement de l’histoire ;
- les personnages.
Vous avez peut-être entendu parler de la série Les Anneaux de Pouvoir produite par Amazon et qui s’inspire de l’univers de J.R.R. Tolkien. Dans cette réécriture, la série se passe bien avant la trilogie des anneaux et reprend pourtant la plupart des personnages que nous connaissons bien.
Mais pas seulement. La série reprend aussi les lieux mythiques, les populations légendaires et les récits qui n’avaient pas été suffisamment développés par l’auteur.
Attention tout de même à bien vous renseigner, car Le Seigneur des anneaux n’appartient pas encore au domaine public. La société de production a probablement négocié une contrepartie financière avec les ayants droit du créateur des Hobbits.
Vrai ou faux ? Les lecteur·rice·s adorent les retellings.
C’est tout à fait vrai. Les retellings, c’est une mode qui arrive tout droit d’outre-Atlantique. Il s’agit tout simplement du terme anglais pour désigner le fait de réécrire des contes et autres histoires, comme nous l’avons vu jusque-là. Et croyez-nous, ça fait plutôt fureur.
Prenez par exemple le roman Cinderella is dead (que l’on peut traduire par « Cendrillon est morte ») écrit par Kalynn Bayron. Dans ce récit, l’autrice reprend l’histoire de Cendrillon et de son prince charmant en changeant la timeline et en ajoutant un message différent.
Il en va de même pour le roman Circé de Madeline Miller, qui s’inspire du mythe d’Ulysse et sa réécriture va bien au-delà de l’histoire originale. Car cette histoire est écrite pour notre temps. L’autrice ajoute à cette sorcière mythique une dimension sensible et féministe qui sait séduire de nouveaux et nouvelles lecteur·rice·s.
Marine Kelada nous raconte
Marine Kelada est l’une de nos autrices à best-sellers du moment. Elle a gentiment accepté de nous partager son aventure littéraire.
Son crédo, c’est de réécrire des romances fantastiques inspirées de mythes et de légendes. Nous avons donc pensé à l’interviewer pour recueillir sa précieuse expérience et ses conseils. Et vous les partager !
Vous pouvez retrouver ses livres sur la librairie de BoD ici. Et suivre tous les rebondissements de sa vie d’autrice sur son compte Instagram @marinekeladaauteur.
Bonjour Marine, et merci de faire cette interview avec nous. Dis-nous, comment en es-tu arrivé à écrire des romans ?
« Comme beaucoup, je crois que c’était à l’origine (et que c’est toujours) un besoin d’exorciser les histoires qui me hantaient. Quand l’inspiration frappe, qu’une histoire se tisse dans mon esprit, que des personnages se dessinent, que des scènes se jouent en boucle dans un coin de ma tête, ça devient vite obsessionnel. Alors je raconte leur histoire pour leur donner vie. »
Qu’est-ce qui te motive à t’inspirer des légendes celtiques et des mythes grecs pour écrire tes romans ?
« Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours adoré les mythes et légendes, je les trouve fascinants et inspirants. Pourtant, mes premiers écrits – non publiés – étaient fantastiques, mais ne reprenaient pas de mythe ni de légende. C’est avec L’héritage d’Arachné (premier roman publié en maison d’édition) que j’ai commencé en revisitant le mythe d’Arachné, et j’ai tellement adoré que j’en ai fait ma “marque de fabrique” pour mes romans suivants. »
Peux-tu nous parler de ton processus d’écriture ?
« Depuis quelques années, j’ai un processus d’écriture assez similaire d’un roman sur l’autre :
- d’abord, il y a toute la recherche du mythe/de la légende à revisiter ;
- ensuite, il y a le travail sur le mythe en lui-même (en dégager les points saillants, réfléchir au pourquoi du comment, etc.) : c’est là que les personnages naissent et que les points clés de l’histoire apparaissent ;
- puis, à l’aide de l’étape précédente, je crée le “squelette” de mon histoire, que j’étoffe de plus en plus au fil du temps ;
- je rédige ensuite un synopsis (très) détaillé du roman (j’ai besoin de visualiser l’ensemble de l’histoire avant de me lancer) ;
- quand le synopsis détaillé est terminé, enfin, je passe à l’écriture !
Et pendant toutes ces étapes, tout est bon pour m’imprégner de l’atmosphère que je veux rendre : musique, films, séries, illustrations… »
As-tu des conseils pour réécrire des contes et légendes ?
« Je dirais qu’il faut veiller à réexploiter les éléments clés de la version d’origine. Si tous les détails n’y sont pas, ce n’est pas grave, mais il faut pouvoir reconnaître les points caractéristiques de la version revisitée.
Et chose évidente : comme c’est une réécriture, il ne faut pas hésiter à user d’imagination pour éviter la simple “copie” 😉 »
Est-ce qu’il y a autre chose que tu souhaiterais transmettre à notre communauté d’auteur·rice·s indépendant·e·s ?
« J’ai fait de la revisite de mythes et légendes ma “marque de fabrique”, mais un auteur peut tout à fait être multi-genre et ne pas se cantonner à un seul style littéraire ! Écrivez ce que vous avez envie d’écrire, faites vous plaisir avant tout ! »
Un grand merci pour votre lecture ! Pensez à vous abonner à la newsletter de BoD pour ne rater aucun de nos articles 😉