À l’occasion d’Halloween, vous souhaitez écrire et publier une histoire d’horreur qui fera frissonner vos lecteur·rice·s ? Pour cela, il faut savoir installer une tension croissante au fil des pages, créer une atmosphère particulière et doser le suspense. Voici les ingrédients essentiels d’une histoire d’horreur réussie, ainsi que des exercices pour vous entraîner. Après avoir lu votre récit, vos lecteur·rice·s n’oseront plus descendre seul·e·s à la cave !
Les ingrédients d’une bonne histoire d’horreur
Chaque personne est différente et n’est pas forcément effrayée par les mêmes choses. Pourtant, certaines techniques fonctionnent presque toujours en littérature d’horreur. Pour captiver vos lecteur·rice·s, jouez avec les ressorts suivants :
Un décor inquiétant
Choisissez un lieu propice à la peur, par exemple :
- une maison abandonnée,
- un hôpital désert,
- une forêt obscure,
- un cimetière en ruines.
Décrivez non seulement ce que l’on voit, mais aussi ce que l’on entend, sent, ou ressent. Les craquements, les odeurs de moisissure, l’humidité et le froid : tout cela participe à créer une ambiance effrayante. Besoin d’aide pour vos descriptions ? Lisez Réussir ses descriptions de lieux dans un roman, qui donne des exemples tirés de la saga d’horreur surnaturelle Blackwater de Michael McDowell.
Des personnages complexes et sombres
Les lecteur·rice·s doivent pouvoir s’identifier aux protagonistes. Donnez-leur de la profondeur psychologique pour les rendre crédibles.
Ajoutez aussi une figure inquiétante ou malveillante : un monstre, un esprit, ou même un humain dérangé. Pour renforcer l’effet de peur, n’hésitez pas à intégrer :
- un enfant au comportement étrange,
- un animal qui grogne sans raison apparente,
- un personnage aux dons surnaturels, qui « sent » ce que les autres ignorent…
Une écriture sensorielle
Faites ressentir la peur. Utilisez des images fortes. Décrivez :
- les pensées paniquées du personnage,
- les sensations physiques de l’angoisse,
- la perception déformée de la réalité.
Vous trouverez des techniques utiles dans cet article : 12 procédés narratifs à connaître pour écrire un roman, notamment l’usage du narrateur non fiable.
Des secrets et des zones d’ombre
Une bonne histoire d’horreur ne dévoile pas tout. Contrairement au polar, où tout s’éclaire à la fin, ici le mystère est un outil puissant. Semez des indices, laissez planer le doute. Ne donnez pas toutes les réponses. C’est souvent ce que l’on ne voit pas qui fait le plus peur ! Surtout dans les thrillers et romans d’horreur psychologique.
Des moments de frayeur bien placés
Évitez les effets de surprise à répétition. Mieux vaut faire monter la tension lentement. Le suspense devient insoutenable… puis vient le choc.
Apprenez à structurer votre récit pour en faire un vrai page turner en consultant notre article Écrire un page turner : maîtriser l’art du suspense.
Par où commencer votre histoire d’horreur ?
Voici les différentes étapes pour vous préparer à l’écriture de votre nouvelle ou de votre roman horrifique.
1. Trouvez une idée forte
Partez :
- d’un lieu effrayant,
- d’un phénomène surnaturel,
- d’un personnage au comportement inquiétant.
Demandez-vous : qu’est-ce qui va vraiment troubler vos lecteur·rice·s ? Puis construisez votre intrigue autour de cette peur.
2. Structurez l’histoire
Un bon roman d’horreur suit généralement ce schéma :
- Exposition calme, presque banale.
- Apparition des premiers éléments étranges.
- Montée du danger, confrontation.
- Dénouement : happy end, fin ouverte ou twist final.
Pour bien identifier les codes du sous-genre qui correspond à votre roman, consultez plus bas le paragraphe concernant les différents sous-genres de la littérature horrifique.
3. Choisissez une narration immersive
Utilisez la première personne ou un point de vue interne : cela permet aux lecteur·rice·s de ressentir ce que vit le personnage. Et cela renforce le sentiment d’angoisse !
4. Créez des éléments inquiétants
Insérez des éléments effrayants dans le quotidien des personnages :
- Une lumière qui s’allume et s’éteint par intermittence dans la salle de bains,
- Un visage familier devenu étrange,
- Un silence pesant dans une pièce vide…
5. Écrivez dans de bonnes conditions
Installez-vous dans un endroit calme, limitez les distractions. Pour donner des frissons à vos lecteur·rice·s, vous devez être concentré·e et immergé·e dans votre univers !
Les sous-genres de la littérature d’horreur
La littérature d’horreur se décline en plusieurs sous-genres, souvent aux confins des genres du thriller et du fantastique. De manière générale, on considère comme appartenant au genre de l’horreur les récits qui créent non seulement du suspense, mais aussi (et surtout) un profond sentiment d’angoisse. Bien souvent, les événements relatés ont une dimension macabre, voire gore.
Quoi qu’il en soit, chaque sous-genre de l’horreur joue sur des peurs différentes, allant du surnaturel à l’angoisse psychologique. Voici un panorama (non exhaustif) des principaux sous-genres, pour vous aider à trouver le ton qui correspond le mieux à votre histoire.
L’horreur gothique
Manoir hanté, fantômes, ambiance brumeuse, décors moyenâgeux, secrets de famille, malédictions, demoiselle en détresse… tels sont les ingrédients du gothique, en vogue au 19e siècle. Parmi les chefs-d’œuvre du genre, on retrouve notamment le roman épistolaire Dracula de Bram Stocker, la nouvelle La Chute de la maison Usher d’Edgar Allan Poe ou encore la novella Le Tour d’écrou de Henry James.
L’horreur psychologique
Ce sous-genre se rapproche beaucoup du thriller psychologique. La peur repose en effet moins sur les événements en eux-mêmes, que le malaise qui règne dans l’histoire, par les descriptions de l’ambiance ou encore le suspense et l’art de la suggestion. Les lecteur·rice·s sont maintenus sous pression et ont l’impression que quelque chose se trame. La psychologie des personnages est elle-même source d’angoisse et de paranoïa : on a affaire à des protagonistes menaçants, instables, non fiables. Tout est alors possible, même le pire. C’est pourquoi ce sous-genre est propice à l’usage de plot twists. On pourra citer en exemple Shining de Stephen King et Le Silence des agneaux de Thomas Harris.
L’horreur surnaturelle
La peur est provoquée par des événements surnaturels ou paranormaux. L’inconnu et l’irrationnel glacent le sang des lecteur·rice·s. Il peut s’agir aussi bien de fantômes que d’autres créatures maléfiques, ou phénomènes inquiétants et inexpliqués. En cela, ce sous-genre rejoint souvent celui de la littérature gothique.
Stephen King, Edgar Allan Poe, ou encore H.P. Lovecraft sont aujourd’hui considérés comme les maîtres de la littérature fantastique et horrifique, qu’on appelle aussi l’horreur surnaturelle. On peut citer également à titre d’exemple la saga Blackwater de Michael McDowell qui a connu un grand succès ces dernières années, notamment grâce à son ambiance angoissante et son suspense haletant !
L’horreur gore
On parle aussi de « splatterpunk » (splatter signifiant « éclabousser » en anglais), pour désigner les fictions d’horreur particulièrement violentes, qui laissent place aux scènes crues et sanglantes et aux (anti)héros sociopathes. Il n’y a plus de limites dans l’horreur, et la peur suscitée chez les lecteur·rice·s frôle le traumatisme ! C’est toutefois un sous-genre qu’on a un peu moins l’occasion de trouver en librairie.
Quelques sous-genres de l’horreur moins connus
Le body horror (horreur « corporelle »)
Le body horror repose sur la métamorphose en une créature monstrueuse, ou du moins le dégoût et la peur que procure un corps étrange ou déformé. Parmi les œuvres les plus célèbres : Frankenstein de Mary Shelley, La Métamorphose de Kafka. Plus contemporain : Visqueuse de Morgane Caussarieu.
Le folk horror (horreur « folklorique »)
Ces fictions incluent des éléments typiques du folklore : campagne, isolement, croyances (religion, superstition…), sacrifices, forces de la nature… Il n’y a semble-t-il pas de roman de folk horror extrêmement connu, mais côté cinéma on peut citer comme exemple Midsommar.
Le survival game (« jeu de survie ») ou survival horror
Eh oui, le fait de jouer à un jeu qui consiste à survivre est bel et bien devenu un sous-genre, en littérature comme au cinéma ! On peut retrouver ce type d’intrigue à la fois dans des fictions d’horreur comme dans des dystopies. C’est le cas par exemple de Hunger Games, de Suzanne Collins, qui est avant tout une dystopie.
D’autres œuvres notables du genre :
- Battle Royale de Koshun Takami,
- Marche ou crève de Stephen King,
- King’s game de Nobuaki Kanazawa (manga),
- Alice in Borderland de Haro Asô (manga),
- Squid Game (série télé).
Des exercices pour écrire une histoire qui fait peur
Vous hésitez à vous lancer ? Voici quelques exercices pratiques pour faire vos premiers pas dans la littérature horrifique.
- Transformez une pièce familière en décor d’horreur : Où pourrait se cacher une présence invisible ?
- Ajoutez un détail troublant à une situation banale : Que se passerait-il si votre collègue vous fixait sans raison ?
- Écrivez un dialogue inquiétant : Il doit paraître normal, mais dissimuler une menace sous-jacente.
- Décrivez les pensées d’un personnage pris de panique : Donnez aux lecteur·rice·s accès à ses angoisses intérieures.
- Inventez une créature monstrueuse : Donnez-lui des caractéristiques uniques (nombre d’yeux, façon de bouger, sons émis…), tout en laissant une part à l’imagination des lecteur·rice·s.
Ce qu’il faut éviter dans une histoire d’horreur
Même les meilleurs auteur·rice·s peuvent tomber dans certains pièges :
- Être trop prévisible : Ne révélez pas tout trop tôt. Surprenez vos lecteur·rice·s.
- Multiplier les jump scares : Trop de chocs tuent la tension. Laissez de vrais moments de respiration.
- Garder votre texte secret jusqu’à la publication : Faites-le lire. Organisez une bêta-lecture et prenez note des retours pour pouvoir revoir votre manuscrit en fonction. Pourquoi ne pas profiter d’une soirée Halloween pour lire un extrait à vos amis ? Mettez-les dans l’ambiance avec un feu de cheminée ou des bougies, mettez le ton en lisant pour dynamiser votre récit et observez les réactions !
Comment publier votre histoire d’horreur ?
Votre texte est prêt à faire frissonner vos lecteur·rice·s ? Voici les options pour le partager :
- Publiez-le sur un blog personnel. Vous contrôlez le rythme de parution et le style.
- Partagez-le sur une plateforme de lecture comme Wattpad ou Inkitt.
- Optez pour l’auto-édition : des prestataires comme BoD permettent à toutes et tous de publier un livre facilement. Pour choisir la date de publication idéale, lisez : Quand publier son livre : choisir la bonne période.
- Associez-vous à d’autres auteur·rice·s pour créer un recueil collectif de nouvelles horrifiques. Parfait pour une sortie spéciale Halloween !
En résumé : écrire pour donner le frisson
Une bonne histoire d’horreur ne se résume pas à quelques moments de frayeur : elle se nourrit d’une atmosphère oppressante, d’un suspense bien construit et de personnages crédibles et tourmentés. Utilisez la peur de manière subtile, semez le doute, faites monter la tension. La peur naît souvent de ce qu’on ne voit pas. Grâce aux conseils et exercices ci-dessus, vous avez toutes les cartes en main pour écrire une histoire d’horreur qui captivera vos lecteur·rice·s !