L’auto-édition est l’un des secteurs du marché du livre qui s’est le plus développé ces dernières années. Publier son livre de manière indépendante permet aux auteurs de garder le contrôle total sur le contenu, la conception et la promotion de leurs œuvres. L’auto-édition s’est donc démocratisée et il en résulte une variété de titres sans précédent, dont certains s’adressent à des marchés de niche, séduisant de plus en plus de lecteurs. Grâce à l’impression numérique, les livres peuvent être imprimés à partir d’un seul exemplaire, et il n’y a aucun risque financier pour l’auteur d’imprimer et vendre son livre.
Pour la quatrième fois, BoD a mené auprès des auteurs indépendants une enquête approfondie pour en savoir plus sur eux et les évolutions du secteur de l’auto-édition en France et, de manière plus élargie, en Europe. L’accent est mis sur la motivation des auteurs à écrire, les interactions entre auteurs et lecteurs, mais aussi des auteurs entre eux, ou encore la façon dont ils abordent la conception, la publication et la promotion de leur livre. Nous vous présentons ici brièvement les conclusions que nous pouvons tirer de cette étude.
Pourquoi les auteurs auto-édités écrivent-ils ?
L’enquête montre que ce qui motive les auteurs français à écrire, c’est avant tout l’envie de divertir des lecteurs, de s’épanouir par l’écriture, d’informer et de partager des connaissances.
Dans certains pays, comme l’Allemagne ou la Suède, les motivations des auteurs sont quasiment similaires, mais on constate de petites différences dans d’autres. Le divertissement des lecteurs est également particulièrement prononcé chez les écrivains espagnols (85 %), mais ils sont aussi motivés par le fait de gagner de l’argent (66 %) et d’être reconnus (58 %). Si les Danois veulent à la fois divertir (76 %) et informer (76 %), l’épanouissement personnel est en revanche la motivation la moins importante pour eux (64 %).
Quels genres de livres sont auto-édités ?
Grâce aux réponses récoltées pour l’étude et à l’analyse des motivations des auteurs à écrire, on peut distinguer deux profils d’auteurs en France : les auteurs « conteurs » (56 %) et les auteurs « pédagogues » (44 %). Les auteurs « pédagogues » ont tendance à publier davantage de livres pratiques et de témoignages ou encore de récits de voyage, tandis que les « conteurs » écrivent plutôt de la science-fiction et de la fantasy, des polars et des thrillers, de la romance ou encore de la littérature blanche et de la poésie.
Les auteurs français publient surtout des romans et autres récits, mais aussi des ouvrages spécialisés et de non-fiction, une tendance que l’on retrouve également dans les pays germanophones, en Finlande et en Suède. Ce sont néanmoins les auteurs français qui publient le plus de romans (53 %) en comparaison des autres pays européens. Les auteurs danois, par exemple, publient davantage d’ouvrages spécialisés et de non-fiction (41 %). En Espagne, en revanche, seulement 12 % des auteurs publient de la non-fiction : les ouvrages les plus publiés en auto-édition sont des romans (47 %) et en particulier de la romance (34 %).
Quel est le support privilégié : livre papier ou ebook ?
La majorité des auteurs auto-édités français publient leurs livres à la fois en version papier et en version numérique. Multiplier les supports de publication permet en effet de toucher un plus large public. Par rapport à l’enquête précédente menée en 2016, le nombre d’auteurs privilégiant ces deux supports a augmenté. À cette époque, plus de la moitié des écrivains français (66 %) publiaient déjà à la fois en papier et en ebook ; ils représentent désormais 74 %.
On notera en revanche qu’en Espagne, jusqu’à 12 % des auteurs (soit 1 auteur sur 10) publient leurs livres en e-book uniquement, contre 4 % en France et 1 à 2 % dans les autres pays.
Les auteurs auto-édités ont-ils une communauté de lecteurs ?
Un des objectifs de l’étude était également de déterminer si les auteurs auto-édités disposaient déjà d’une communauté avant de publier leur premier livre, par exemple via un blog ou sur les réseaux sociaux. Il s’avère que les écrivains français sont les plus actifs dans la création d’une communauté : 42 % d’entre eux déclarent en avoir une avant de publier leur premier livre, alors qu’en Allemagne et en Finlande, par exemple, ce type d’auteurs ne représentent qu’un quart des interrogés.
Dans les autres pays d’Europe, le thème autour duquel l’auteur a bâti sa communauté est souvent également celui de son premier ouvrage auto-édité. Alors que 42 % des Français sont très actifs dans le développement d’une communauté sur une thématique particulière, celle-ci constitue le sujet de leur premier livre seulement pour 29 % d’entre eux (soit 1 auteur sur 3), contre environ 60 % dans les autres pays, et 87 % en Finlande.
En Europe, tous pays confondus, les communautés de lecteurs potentiels se créent avant tout via le blog ou le site Web de l’auteur, ou encore via une page Facebook. Ce sont également les réseaux les plus utilisés par les Français : 77 % des auteurs français utilisent Facebook pour créer leur communauté, et 53 % utilisent pour cela leur blog ou leur site Web. Instagram est également un réseau populaire pour les auteurs en France (41 %), en Espagne (42 %) et en Suède (40 %).
L’auteur auto-édité est-il solitaire ou solidaire ?
Nous trouvions intéressant de savoir si les écrivains « réseautaient » entre eux ou non, et pour quelles raisons. Il apparaît que 41 % des répondants (tous pays confondus) travaillent effectivement en réseau avec d’autres auteurs. Les Espagnols sont les plus actifs à ce niveau : 78 % d’entre eux sont en contact régulier avec d’autres auteurs. La France est le second pays d’Europe le plus actif dans ce domaine, avec 56 %, soit plus de la moitié des auteurs.
Pourquoi les auteurs auto-édités se mettent-ils en relation les uns avec les autres ? Le plus souvent, pour échanger leurs expériences de publication en auto-édition et partager des conseils concernant l’écriture ou encore le marketing. La plupart des contacts s’effectuent en ligne (88 % des répondants, tous pays confondus), mais plus de la moitié (55 %) rencontrent également d’autres écrivains en personne, par exemple lors de divers événements.
L’effort est récompensé. Les auteurs qui ont choisi de « réseauter » sont généralement plus satisfaits des ventes de leurs livres et réalisent des revenus plus importants. Au total, 14 % des auteurs interrogés ont généré à ce jour plus de 5 000 euros de revenus grâce à l’autoédition.
« Aujourd’hui, la force d’un auteur, c’est de pouvoir rencontrer à la fois ses lecteurs dans des manifestations littéraires, en librairie ou sur des événements organisés à l’occasion d’une sortie de livre, mais également d’avoir une communauté d’auteurs pour l’accompagner et échanger. Par le biais d’Internet, de dédicaces ou simplement de rencontres, j’échange tous les jours avec des personnes passionnées par ce milieu. Le réseau est mon outil le plus puissant pour mon travail d’auteur » déclare Virginie Bégaudeau, auteure hybride qui a auto-édité plusieurs ouvrages avec BoD tout en travaillant avec des éditeurs traditionnels pour d’autres textes.
Vers une promotion du livre de plus en plus professionnelle ?
Si les auteurs Français continuent en majorité à concevoir eux-mêmes leur livre (mise en page, création de la couverture notamment), plutôt que de faire appel à des prestataires de services, 28 % d’entre eux mettent à profit leur communauté pour impliquer activement leurs lecteurs dans le processus de création de leur livre, par exemple dans l’élaboration de son contenu ou le choix de sa couverture. En revanche, ils sont de plus en plus engagés dans la promotion de leur livre.
Par rapport aux autres pays européens, la France compte en effet parmi les pays dont les auteurs sont les plus actifs dans l’élaboration d’une stratégie marketing : promotion sur leur site Web d’auteur, envois de communiqués de presse, publicité en ligne, collaboration avec des blogueurs… Mais la spécificité française reste avant tout le fait de miser sur la rencontre physique des auteurs avec leurs lecteurs. En effet, les auteurs français sont de loin en Europe les premiers à organiser des séances de dédicace (42 % des personnes interrogées) et à participer à des salons et autres événements littéraires (41 %) pour promouvoir leur(s) ouvrage(s).
Êtes-vous en contact régulier avec d’autres auteurs ? Quelle est votre stratégie marketing ?
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