Comment améliorer son roman ? 10 défauts à corriger (2/2)

Pour faire suite à notre premier article sur le sujet, voici les 5 autres points à revoir lors de la relecture d'un manuscrit.

13.01.2021 · Caroline Duchesnes Écrire

Dans un premier article, nous évoquions les 5 premiers défauts à corriger dans un manuscrit. Voici 5 autres difficultés fréquemment rencontrées par les auteur.rice.s au cours de leur processus d’écriture. Voyons ensemble ces quelques autres pistes pour améliorer votre roman, jusqu’à ce que vous en soyez pleinement satisfait.e !

Défaut n° 6

LE STYLE EST LOURD

✅ Armez-vous d’un scalpel ! Vous en aurez-besoin pour opérer votre roman et lui retirer un maximum d’adverbes, gérondifs, participes présents, pléonasmes, ainsi que les adjectifs et les incises de dialogues en surnombre… Ce sont là les principaux défauts à corriger, car c’est avant tout ce qui distingue le style d’un auteur « professionnel » de celui d’un auteur « amateur ».

Un exemple :

« Marie, rangeant le salon sale et désordonné en quatrième vitesse, fronça les sourcils en découvrant soudain un vieux paquet de chips écrasées entre les coussins du canapé violet.

– Lucas ! hurla-t-elle, hors d’elle, en direction de l’escalier. Descends en bas immédiatement.

– J’arrive, grommela le petit garçon boudeur depuis l’étage. »

À corriger par :

« C’était le chaos dans le salon. Marie, qui le rangeait en quatrième vitesse, fronça les sourcils lorsqu’elle découvrit un paquet de chips écrasées entre les coussins du canapé.

– Lucas ! hurla-t-elle en direction de l’escalier. Descends immédiatement.

– J’arrive, grommela le petit garçon depuis l’étage. »

✅ Supprimez tout ce qui est en excès : répétitions, comparaisons trop nombreuses, détails inutiles (cf. la définition du concept de « fusil de Tchekhov » dans la partie 1 de cet article)… De même, traquez vos tics de langage. Il y a probablement un mot ou une tournure de phrase que vous utilisez sans cesse et il n’y a rien de plus agaçant pour le lecteur ! Identifiez-les et reformulez.

✅ Éliminez certains connecteurs logiques qui font trop « dissertation » (cependant, néanmoins, nonobstant, de plus, toutefois, car, en effet…) et remplacez les verbes faibles (dire, faire, mettre, aller, avoir, donner) par des verbes beaucoup plus précis pour décrire les actions de vos personnages.


Défaut n° 7

LA NARRATION MANQUE DE RYTHME

✅ Pensez que si vous vous ennuyez en écrivant ou en relisant une scène, celle-ci ennuiera aussi probablement votre lecteur ! Identifiez les défauts à corriger : trop de description, pas assez d’action, ou simplement scène inutile pour l’histoire ? Dans ce cas, supprimez-la simplement, ou remplacez-la par une ellipse si c’est un élément tout de même important pour l’histoire. Dans ce cas, vous racontez brièvement ce qui s’est passé plutôt que de montrer toute la scène. Ou bien trouvez un moyen de la rendre plus attrayante ou vivante.

✅ Variez la longueur des phrases, des paragraphes et des chapitres. Vos phrases peuvent par exemple se faire longues dans les passages de description ou d’évocation de souvenirs ou encore à l’ambiance plus nostalgique, plus tranquille, qui se prêtent à la lenteur. Dans les passages d’action, au contraire, optez pour un rythme plus saccadé. Avec des phrases courtes, nominales. Cela donnera plus de force, de tension. Exactement comme ceci. Vous voyez ?

✅ Alternez les ellipses de temps (qui accélèrent l’histoire), les scènes (le temps de l’histoire se déroule en temps réel) et les descriptions (qui ralentissent l’histoire).


Défaut n° 8

LE ROMAN EST TROP COURT

Non pas que la longueur soit importante, il peut exister des romans très courts et d’autres très longs. On considère néanmoins qu’un roman fait au minimum 50 000 mots environ. En deçà, on parlera plutôt d’une novella (un genre à mi-chemin entre la nouvelle et le roman). On peut en revanche avoir l’impression après l’écriture du premier jet de son livre que celui-ci est plutôt maigrelet. Vous êtes allé.e à l’essentiel, mais il vous semble que le roman manque de corps ou d’âme. Probablement êtes-vous un.e underwriter, ce qui donne lieu à des écrits quelque peu « sous-développés ». Voici quelques pistes pour étoffer votre texte.

✅ Ajoutez des descriptions, notamment des lieux. Demandez-vous pour chaque scène ce qui entoure les personnages, ce qu’ils voient, entendent, sentent. Faire appel aux cinq sens du lecteur est une bonne manière de lui donner l’impression de vivre l’histoire, d’être aux côtés des personnages.

✅ Décrivez l’impact émotionnel des actions sur les personnages. Rappelez-vous que ce qui compte dans une histoire, plus que les faits et les actions, c’est leur impact sur le personnage principal. Le lecteur doit pouvoir être en empathie avec lui : il continue à lire l’histoire parce qu’il veut savoir ce qui lui arrive, parce qu’il s’est attaché à lui. Votre roman doit lui faire ressentir tout un panel d’émotions, le lecteur veut rire et pleurer avec le héros. Pour cela, faites réagir le personnage aux actions, mettez-vous dans sa peau et permettez au lecteur d’accéder à ses pensées, ressentis.

✅ Développez des intrigues secondaires. Elles donnent du volume à votre récit, du rythme. Et grâce à elles, le lecteur ne s’ennuie pas. Elles peuvent même servir l’intrigue principale en apportant les points de vue de d’autres personnages ou péripéties. Un exemple : dans un polar, l’enquête sur un crime est l’intrigue principale, et l’histoire d’amour naissante entre l’enquêteur et sa collaboratrice est une intrigue secondaire. Celle-ci peut aider ou au contraire contrarier la résolution de l’énigme. Si l’histoire d’amour est une intrigue secondaire relativement courante, les possibilités sont bien sûr infinies. Il peut s’agir de la résolution d’un conflit familial, du combat du personnage pour faire accepter sa différence en société…. Il peut également s’agir des préoccupations/buts de personnages secondaires. En revanche, l’intrigue secondaire ne doit pas primer sur l’intrigue principale, elle doit être moins présente dans le roman.


Défaut n° 9

LE ROMAN EST TROP LONG

Vous êtes probablement un.e auteur.trice overwriter, c’est-à-dire un peu trop bavard.e ! Il va falloir « défricher » votre manuscrit pour n’en garder que le meilleur.

Faites des coupes : supprimez les descriptions trop longues et les passages inutiles. Souvenez-vous que toutes les informations données au fil du roman doivent servir à quelque chose !

Faites des ellipses. Abrégez également certains dialogues en rapportant des propos au style indirect. Vous pouvez pour cela vous reportez-vous à notre article « 5 conseils pour améliorer vos dialogues ».

✅ Si votre histoire porte sur un univers complexe, contient de nombreux personnages et rebondissements, il est normal qu’elle soit longue. Envisagez de revoir la structure même de votre roman pour éventuellement le scinder en plusieurs tomes.


Que faire des œuvres ratées et irrattrapables ?

Parfois, quand rien ne va dans une histoire, on peut finir par abandonner, en se disant qu’il serait certainement moins coûteux en temps et en énergie d’en écrire une toute autre, plutôt que de tout réécrire en passant en revue tous les défauts à corriger. Pas de panique, tout n’est peut-être pas bon à jeter. Vous pouvez par exemple réutiliser votre personnage principal dans une autre histoire, ou bien les descriptions d’un lieu/d’un personnage, garder l’intrigue tout en changeant les personnages ou bien le point de vue du narrateur etc. Un tas d’exemples concrets sont donnés dans l’essai de Pierre Bayard, Comment améliorer les œuvres ratées ? Une lecture qui donne d’ailleurs l’occasion de se rendre compte que tous les grands auteurs en sont passés par là, eux aussi !

Défaut n° 10

LA FIN EST DÉCEVANTE

La fin fait partie des principaux défauts à corriger dans un manuscrit, car si le lecteur a adoré toute sa lecture, mais n’est pas satisfait de la fin du livre, cela le laissera sur une mauvaise impression et influencera son avis général…

 Veillez à bien refermer vos arcs narratifs. En d’autres termes, toutes les questions que le lecteur se pose et à propos desquelles il est tenu en haleine durant le récit doivent obtenir une réponse. Et une réponse satisfaisante !

✅ Préparez le terrain, afin que votre lecteur sache que l’histoire est bientôt finie. Qu’elle soit ouverte ou fermée, votre fin ne doit pas arriver trop brusquement. Dans ce cas, le lecteur aurait l’impression que la fin est bâclée ou « en queue de poisson ». Le lecteur peut avoir l’impression d’avoir été tenu en haleine pendant des pages et des pages, et voilà que la résolution tant attendue tient en une ligne !

✅ Pensez à un plot twist ou une chute ! Une bonne fin est généralement une fin qui surprend son lecteur tout en restant logique, cohérente et dans la continuité de l’histoire. Selon le genre choisi pour votre roman, un happy end n’est pas toujours de mise. Une fin dramatique peut être un crève-cœur pour l’auteur comme pour le lecteur, mais peut s’avérer nécessaire si c’est la suite logique de l’histoire et peut ainsi donner à un roman toute sa force, son intensité.

Il est important d'être fier du travail accompli, même si votre roman comporte encore des défauts à corriger.

Cet article récapitulant les défauts à corriger dans un manuscrit touche à sa fin, n’hésitez pas à poser vos questions en commentaires si vous en avez. Et gardez en tête que vous pouvez être fier.ère de tout le travail que vous avez déjà accompli jusqu’ici !

Autrice

Caroline Duchesnes

Ancienne correctrice pour des maisons d’édition et elle-même autrice, Caroline est adepte des ateliers d’écriture et lit tout un tas d’ouvrages sur l’art d’écrire. Elle aime partager ses connaissances en rédigeant des articles de conseils d’écriture sur le blog de BoD.

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