La rencontre a été fixée aux Jardins du Luxembourg. C’est à l’ombre des platanes que nous nous rencontrons. Deux heures de discussions et d’échanges sur sa passion, l’écriture, et son nouveau livre. Nathalie n’écrit pas pour ne rien dire et c’est avec engagement qu’elle m’a raconté le cheminement qui a mené à la publication de « Fleurs à Aubépines ».
UN DES PREMIERS AUTEURS BoD
Nathalie a été l’un des premiers auteurs qui nous a fait confiance lors de notre lancement en France. C’était il y a sept ans et elle publiait un livre contemporain et frais qui relatait les échanges sms entre un homme et une femme entretenant une relation amoureuse. Après plusieurs années d’absence, elle revient avec un tout autre thème et un autre format. L’écriture, elle ne l’a jamais quittée puisqu’entre-temps elle a beaucoup écrit, mais pour les autres.


Choisir la maltraitance infantile comme thème principal est audacieux. On se risque à des critiques acerbes et il est facile de tomber dans le voyeurisme. Mais pourquoi se lancer dans l’écriture d’un sujet si difficile et surtout émotionnel ? Nathalie a été marquée par une affaire de maltraitance qui a fait grand bruit il y a quelques années. Les médias et le monde judiciaire ne parlaient que des faits mais personne ne s’est vraiment intéressé à la victime. Le déclic a eu lieu pour Nathalie qui s’est intéressée de plus près à la maltraitance en générale. Il lui a fallu plusieurs années pour avoir un panorama large et complet. Elle souhaitait aborder les différents types de maltraitance afin d’alerter les lecteurs sur ce mal qui tue chaque jour deux personnes en France.

Je lui ai demandé pourquoi ne pas avoir choisi le roman pour cadre de son histoire. Faire simple n’est apparemment pas dans la nature de Nathalie. C’est sous la forme d’une pièce de théâtre qu’elle a donc choisi de mettre en scène son livre. Cela lui a permis de traiter ce sujet qui lui est cher avec distance et surtout de ne pas tomber dans l’autobiographie. Un roman traitant d’un tel thème aurait en effet été considéré trop biographique. Sa participation à des constellations familiales, une méthode de thérapie familiale transgénérationnelle, l’a convaincue que la pièce de théâtre était le format parfait pour son projet. Après lecture de son livre, je ne peux que la féliciter de ce choix.
On ne va pas se mentir, c’est un livre émotionnellement difficile. Nathalie n’a pas dérobé à son objectif : ouvrir les yeux sur toutes les formes de maltraitances : physique, sexuelle, psychologique. À travers les différents membres d’une famille, elle dresse des portraits très sombres. Le père est violent et désintéressé par sa famille, la mère manipulatrice, la nouvelle femme une victime devenue bourreau. Et au milieu de ces adultes violents, quatre enfants qui réagiront différemment à la violence dont ils sont victimes. Les intervenants externes censés porter de l’aide à cette famille sont égratignés par la plume de Nathalie Morgado. Elle s’est renseignée sur son sujet et ça se voit.
Isabelle Desbenoit a lu le livre et publié une critique que je vous conseille de lire !SES PROJETS
Promouvoir dans un premier temps son livre. Natalie a délibérément choisi l’auto-édition pour deux raisons : une expérience positive pour son premier livre mais elle savait surtout qu’il serait difficile de trouver un éditeur qui prendrait le risque de publier une pièce de théâtre traitant en plus d’un sujet très sensible. Elle se concentre désormais sur la promotion : contacter les compagnies de théâtre et les associations pour l’enfance sont sa priorité. Si elle rêve de trouver une compagnie qui mette en scène son texte, elle a déjà accompli le plus important : écrire et publier pour une cause qui lui est chère. Une démarche courageuse qu’on ne peut que saluer.
Elle promet que son prochain livre sera plus positif et joyeux. On a déjà hâte de le lire !
Portrait chinois
Un écrivain célèbre : Emile Zola, car c’est un auteur engagé
Un livre : « Les années douces » d’Hiromi Kawakami
Une saison : L’automne car c’est la saison de son anniversaire
Un pays : la Suisse, son pays d’origine
Une œuvre d’art : Un tableau de Gustave Klimt
Une gourmandise : Un café gourmand
Un personnage historique : Cléopâtre pour son courage
Une couleur : Rouge
