Rencontre avec des auteurs hybrides européens

Nous vous invitons à un tour d’horizon européen pour découvrir l'expérience d'auteurs qui naviguent entre édition traditionnelle et auto-édition.

Dans notre premier article sur les auteurs hybrides, nous avons interviewé Gally Lauteur, auteure de romances rodée à l’auto-édition et à l’édition traditionnelle.

Dans ce second article, nous élargissons notre horizon et vous présentons 4 auteurs venant d’autres pays européens : l’Allemagne, la Suède, le Danemark et la Finlande. Tous s’accordent sur un point : être un auteur hybride présente de nombreux avantages !


ALLEMAGNE

Marah Woolf, également connue sous le pseudonyme d’Emma C. Moore, écrit des romans fantasy et jeunesse qui rencontrent un grand succès en Allemagne. Elle a publié de nombreux livres en auto-édition mais a également été repérée par des maisons d’édition reconnues outre-Rhin telles que Dressler et Oetinger. Marah Woolf a reçu plusieurs prix, comme le premier prix des auteurs indépendants au salon du Livre de Leipzig en 2013. Elle écrit actuellement la deuxième partie de sa saga Angelus.

Quelles sont les différences entre la publication d’un livre par vous-même et la publication par un éditeur ? Quels sont les avantages de l’auto-édition ?

En auto-édition, je décide de chaque étape du processus moi-même. C’est ma responsabilité mais aussi mon risque. Je réfléchis moi-même à de nombreuses choses comme le marketing et les prochaines étapes. Avec une maison d’édition, toute une équipe est derrière moi et je peux compter sur d’autres personnes, mais je ne peux avoir d’influence sur aucune décision stratégique. C’est un peu dommage. Il faut rester un peu plus à l’arrière-plan et les laisser prendre la barre. Mais grâce à un éditeur, si tout se passe bien, on atteint de nombreux nouveaux lecteurs. Je pense que les deux modes de publication ont leurs avantages et leurs inconvénients.

Avez-vous eu des raisons précises d’auto-publier ou au contraire de vous adresser à l’édition traditionnelle pour certains titres (par exemple le thème, le planning, le public cible, etc.) ?

En fait, il y a des idées que je souhaite publier chez un éditeur, car elles s’intégreraient simplement mieux dans une librairie. Mais jusqu’à présent, c’était une stratégie dans mon genre romance-fantasy de susciter la curiosité des lecteurs avant de tenter quelque chose de nouveau. Beaucoup de lecteurs ne sont pas très désireux d’expérimenter et ne changent pas aussi vite. J’ai moi-même des phases de lecture pendant lesquelles je préfère lire un certain genre pendant des mois voire des années ! On doit tenir compte de cela.

Mon impression est que les lecteurs de livres électroniques dévorent tout ce qui leur tombe sous la main alors que les lecteurs de livres papier sont plus détendus, ont du plaisir à tenir un livre imprimé à la main. Ces deux groupes sont très différents l’un de l’autre et c’est une chose à laquelle il faut faire attention. On ne peut pas emmener tous ses lecteurs de la librairie en ligne à la librairie physique ou inversement. Donc, on peut continuer à écrire et commercialiser ses livres papier et ses ebooks pour différents marchés.


SUÈDE

Écrivaine et traductrice, Annika Koldenius travaille également pour l’Université de Göteborg. Elle a publié le livre Nous étions toujours préparés, inspiré d’une histoire personnelle.

Annika Koldenius est l’un des deux membres du jury du prix Lilla Debutant depuis 2013, un concours de nouvelles pour jeunes auteurs suédois.

Vous avez précédemment été publiée par des maisons d’édition, mais vous avez décidé d’auto-éditer un recueil de poèmes. Quelles sont les grandes différences entre l’auto-édition et l’édition traditionnelle ?

La grande différence, pour moi, est que l’auto-édition est beaucoup plus rapide et qu’on y est responsable de tout le processus de publication. Mon livre a été achevé en moins d’une semaine, y compris le téléchargement via myBoD, car les poèmes étaient prêts. Dans le même temps, vous devez vous assurer que votre manuscrit est édité de manière professionnelle et concevoir une vraie stratégie marketing. Vous devez donc bien réfléchir au moment et à la manière de publier et de commercialiser votre livre. Si vous avez une idée précise de ce à quoi devrait ressembler la future couverture de votre livre et que vous ne voulez pas faire de compromis, l’auto-édition est fantastique !

Lorsque vous publiez votre livre vous-même, le partage et l’échange avec d’autres personnes sont extrêmement importants. J’ai rencontré des amis et des personnes avec qui j’ai discuté de mes idées, de marketing, de la mise en page, du corps de livre et de la conception de ma couverture. J’ai beaucoup appris sur le processus éditorial : la mise en page du texte, le choix des polices, la relecture, les différents types de papier, etc. Ce sont des choses dont je bénéficierai à l’avenir.


DANEMARK

Kristoffer Flakstad est journaliste et auteur. Après avoir travaillé dans le milieu de l’édition, Kristoffer Flakstad réalise aujourd’hui des reportages pour plusieurs journaux danois, et participe à une émission sur la politique norvégienne sur une chaîne de télévision. Il a publié un guide sur l’Angleterre et le Pays-de-Galles et un récit de voyage, ainsi qu’un troisième ouvrage en novembre 2018 : la biographie de Pensak Howitz, qui fut notamment l’épouse de l’ambassadeur du Danemark en Thaïlande et eut une vie trépidante.

Pourquoi avez-vous décidé d’auto-éditer votre dernier livre ?

Je publie en tant qu’auteur et porte-plume pour deux éditeurs danois et je continuerai à travailler avec ces maisons à l’avenir. J’ai aussi signé un contrat avec une troisième maison d’édition pour mon dernier projet de livre. Mais en ce qui concerne mon livre Pensak, je ne souhaitais pas le publier chez un éditeur traditionnel. Je voulais que le livre soit lancé dès que possible. Il traite en effet de Pensak Howitz, ancienne épouse de l’ambassadeur du Danemark en Thaïlande, archéologue et sénatrice, qui a aujourd’hui 79 ans et n’est pas en bonne santé. C’est pourquoi il était important pour moi que je puisse publier le livre rapidement, et pas dans un an ! Grâce à l’auto-édition, je peux décider moi-même du calendrier, ce qui est important dans de tels projets.


FINLANDE

Sara Medberg est diplômée en théologie et écrit une thèse sur histoire de l’église. Ses romans historiques traitent de son sujet de recherche scientifique – l’éducation des filles aux XVIIIe et XIXe siècles – d’un point de vue littéraire.

Sara Medberg a publié des ouvrages en suédois et en finnois. Ses trois premiers romans ont été édités via BoD et son dernier titre a été publié par l’un des plus grands éditeurs de Finlande, Otava.

Quels conseils donneriez-vous aux autres auteurs indépendants ?

L’écriture est bien sûr une source d’inspiration et d’amusement, mais il est important de travailler avec discipline, surtout en tant qu’auto-édité. L’objectif devrait être de produire un texte avec soin (avec une correction et une relecture) et de créer un livre, en le planifiant dans les moindres détails. Pour mes romans, il m’était important de voir d’abord le projet dans son intégralité, puis de travailler partie par partie.

On doit par exemple créer un bon équilibre entre les dialogues au sein du roman et l’intrigue, et la relecture et la correction sont aussi très importants ! En outre, la conception de la couverture est un aspect essentiel, car celle-ci donne la première impression sur le contenu. Par exemple, la couverture de mon livre Holhokki est une affiche de mode d’un magazine féminin du début du XIXe siècle. Si vous aimez écrire, ne vous laissez pas décourager par les doutes ou les critiques, mais écoutez les bons conseils. Si vous avez une bonne idée de ce que vous voulez créer, lancez-vous !

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