Virginie, expliquez-nous comment est née l’idée d’écrire Laudanum ?
Chaque nouveau roman est une aventure dont on ne connaît pas l’importance. Laudanum, c’est une histoire assez déroutante, tant par son élaboration que par son contenu. J’ai toujours voulu travailler sur la psychiatrie, même si ici ce ne sont que les balbutiements. Mêler fiction et réalité, ça m’a demandé un travail colossal de recherches. Je n’ai pas eu peur et malgré des moments difficiles, je suis très heureuse de le voir abouti.
Mais surtout, Laudanum, c’est un roman pour ma sœur qui rêvait de lire une histoire peu conventionnelle sur un sujet aussi noir que la folie au début du XXe et qui cherchait un héros particulier.
Certains me disent que je devrais écrire des livres plus optimistes, moins sérieux ou qui se terminent mieux. Je leur réponds qu’un roman se finit tout seul, que l’auteur est l’esclave de son inspiration et de ses personnages.
Combien de temps a pris la rédaction de votre livre ? Avez-vous des horaires ou des lieux préférés pour l’écriture ?
Laudanum m’a pris plus de temps que tous mes autres romans. Je ne peux pas parler de pure rédaction car mes recherches sont faites en parallèle, rarement en amont. Si je dois parler en mois, je dirais une vingtaine. Il y a aussi eu des semaines sans écriture.
Avant, j’écrivais de nuit, ce qui est le plus commode pour les écrivains, je crois. Maintenant avec les impératifs de la réalité, je travaille en fin de journée et les week-ends. Je n’ai pas de lieux privilégiés. J’aime Paris, j’aime la relecture de manuscrits dans les parcs que j’ai la chance d’avoir tout à côté de chez moi, mais la plupart du temps j’adore travailler en pyjama dans mon bureau avec une tasse de chocolat à portée de main.
Comment faites-vous connaître votre livre ? Comment organisez-vous la promotion ?
Je ne suis pas une commerciale, je ne suis pas une attachée de presse, je suis seulement une auteure passionnée et persévérante. Je n’ai pas suivi la moindre formation mais je suis extrêmement bien entourée. Si je peux parler de petite notoriété aujourd’hui, c’est surtout grâce à mon livre Adieu, Blanche-Neige ! qui a été en sélection officielle pour un prix national. Mais je me suis débrouillée pour démarcher journalistes, chroniqueurs, critiques… C’est un travail quotidien et il faut aller vers les libraires qui sont les premiers acteurs de l’édition. J’ai créé mon réseau à mesure des publications et mon public m’a suivie, ce qui m’a aussi permis de trouver de nouveaux lecteurs.
L'auteur
Virginie Bégaudeau a 25 ans et vit en région parisienne. Originaire de Saintes en Charente-Maritime, elle commence à écrire très jeune. Premier roman à 14 ans, auto-éditée à 18 ans, elle n'a jamais cessé d'écrire et de rencontrer ses lecteurs depuis. Fervente admiratrice de fresques historiques, de peinture et de musique, elle recherche beaucoup de domaines d’inspiration. Elle travaille souvent en collaboration avec des nombreux artistes tels que des cinéastes, des illustrateurs, des photographes ou des metteurs en scène.
Retrouvez l'auteur sur sa page Facebook.
Néanmoins, je suis ravie de travailler dans d’autres milieux que celui de la littérature car le monde de la grande édition est relativement inaccessible si vous ne faites pas partie des « têtes d’affiche » qui vendent 150 000 exemplaires par an. Et ce n’est évidemment pas mon cas ! Je trouve que faire fructifier ses contacts, en découvrir et se lancer dans le quotidien de l’auteur à multiples casquettes, c’est plus qu’enrichissant. On peut ainsi éviter les arnaques, on a l’avantage de connaître le fonctionnement et l’acheminement d’un livre, de son édition à sa publication, en passant par sa diffusion. C’est un contact privilégié que j’ai le plaisir d’entretenir avec mes lecteurs ou avec des professionnels du livre qui sont tout aussi passionnés.
J’essaye d’organiser un maximum de séances de dédicaces. J’assure une présence dans les salons et j’envoie des tonnes de mails pour obtenir des chroniques ! Il ne faut pas négliger une opportunité sous prétexte que ce n’est pas Le Monde ou que nous ne sommes pas assez connus pour oser. Je glane aussi beaucoup d’informations autour de moi. Avec Internet et tous ces outils de communication, il y a un réel potentiel pour les auteurs.
Car un auteur qui veut promouvoir son livre doit être courageux et ne jamais prendre peur face au gigantesque obstacle qui est sa place. Un refus n’est qu’un refus, et une victoire est d’autant plus appréciée par la suite.
Par exemple, je travaille avec un jeune réalisateur qui m’aide à trouver d’autres alternatives pour faire connaître mon roman. Une bande-annonce a d’ailleurs été réalisée à la sortie de Laudanum !
Pour vendre son livre, il faut être vu et pour être vu, il ne faut pas être timide ! Mais attention à garder le contrôle de son image et à ne pas être estampillé « fourre-tout ».
Pourquoi avoir choisi l’auto-édition pour la publication de ce livre ?
Le concept d’auto-édition me perturbe beaucoup car il est assez ambivalent d’un pays à l’autre, d’une maison à l’autre. Aujourd’hui, nous nous retrouvons confrontés à des « éditions » en tous genres au point où les auteurs s’y perdent. Je préfère parler d’édition alternative dans le cas de Laudanum car, comme dans bien des structures, il est distribué avec un ISBN, il y a un réel suivi de la part de BoD, une interface humaine… Après plusieurs déconvenues avec des « éditeurs », j’ai choisi d’essayer avec BoD… Pour le moment, c’est un pari réussi.
Mais quand je parle d’auto-édition, je pense à mon premier roman que je déposais en librairie et qui n’avait aucun référencement. Aujourd’hui, c’est bien différent et je pense qu’il serait aussi juste d’appeler cela de l’édition à la demande que de l’auto-édition à proprement parler.
Je connais Virginie, c’est une auteure très talentueuse, le travail pour écrire un livre est titanesque …..C’est une personne humble, et très généreuse, je suis ravie qu’elle fasse partie de ma vie, ce fût une très belle rencontre…Elle mérite vraiment d’être reconnue dans son métier.